Paris, le 3 décembre 2015. Communiqué de presse.
Lundi 30 novembre 2015, la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche Najat Vallaud-Belkacem a annoncé la signature d’un partenariat entre Microsoft et son ministère. Les organisations signatrices de ce communiqué dénoncent une collusion d’intérêts : ce partenariat prévoit de présenter une fois de plus aux élèves un logiciel privateur et des formats fermés comme seuls outils incontournables et par voie de conséquence la dépendance comme modèle à adopter. Tout cela tend à renforcer la position dominante de l’entreprise américaine, au détriment des logiciels libres et des formats ouverts, qui pourtant respectent les principes élémentaires de neutralité et d’interopérabilité.
Le texte intégral de l’accord, disponible sur le site de l’Éducation Nationale, présente plusieurs axes, dont la formation des enseignants à la maitrise des environnements Microsoft en classe, la mise à disposition d’un écosystème Cloud, d’une plateforme de formation à distance. L’apprentissage du code se fera aussi sous l’égide de l’entreprise américaine. C’est donc une véritable mise sous tutelle de l’informatique à l’école, réalisée de plus sans consultation des acteurs de l’éducation, y compris en interne.
Au sein de cet accord aucune prise en considération du travail des personnels de terrain, des enseignants, des chercheurs n’a été prévue par les parties. Ceux-ci, pourtant les plus au fait des besoins des élèves, de leur administration et des contraintes liées au partage des données dans leurs établissements, ont accumulé un savoir-faire considérable que l’accord prévoit purement et simplement d’ignorer pour « former » les cadres et les enseignants aux technologies qu’ils voudraient imposer. De même, il n’est fait aucun cas de l’appel en faveur des formats ouverts dans l’éducation qui, pourtant, a été soutenu par des associations professionnelles d’enseignants, des syndicats, des entreprises, des individus, mais a été ici mis de côté.
Ce n’est pas la première fois qu’un tel partenariat est signé : déjà en 2005 un accord avait été signé. Mais ce partenariat apparaît d’autant plus navrant qu’il fait suite aux récentes révélations sur l’espionnage facilité par Microsoft et sa politique de collecte d’informations personnelles de l’utilisateur.
Ce partenariat est d’autant plus regrettable qu’il va à l’encontre des objectifs de l’école, et témoigne d’une absence de volonté politique de promouvoir la diffusion et l’appropriation par tous de la connaissance et des savoirs. Une volonté politique affirmée aurait pourtant pu mettre en avant des solutions en logiciel libre, respectueuses des libertés de chacun, des standards ouverts et de l’interopérabilité qui permettent aux élèves de progresser en informatique sans enfermement technologique. Cette proposition fait d’ailleurs partie des plus soutenues de la consultation sur l’avant projet de loi « République Numérique» d’Axelle Lemaire . L’école va devenir une fabrique d’inégalité, l’argent servant par la suite de discriminant dans le choix des logiciels et des services.
Fin 2011, François Hollande avait fait de la jeunesse la « la grande cause de l’élection présidentielle »1. Visiblement, une nouvelle fois, la jeunesse et la formation des esprits sont sacrifiées au profit d’intérêts économiques de grandes firmes américaines.
Organisations signatrices :
- April
- Adullact
- AFUL
- CNLL
- framasoft
- FSFE (Free Software Foundation Europe)
- FSF France
- SEP-UNSA
- CGT Éduc’Action
- Association Enseignement Public & Informatique (EPI)
- Fédération SUD Éducation
- SGEN-CFDT
- AbulÉdu-fr
- La Mouette
- Fédération des Enseignants Documentalistes de l’Éducation Nationale (FADBEN)
- SE-Unsa
- SavoirsCom1
- Doc pour docs
- Pagestec
- SNES-FSU
- SNUipp-FSU
- le CECIL
- 1. Discours à Strasbourg le 22 novembre 2011
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