Complément de l’article : “Que faire ?” Eléments de réponse à la question du mouvement social
Suie au Consensus de Washington de 1979, symbole de la contre-révolution néolibérale, il y eut en France trois périodes dans la séquence 1982-2008, fin 1982 étant le tournant néolibéral de la gauche au pouvoir quand François Mitterrand choisit entre plusieurs autres possibilités la thèse de Jacques Delors.
Le taux de profit monte rapidement de 1982 à 1989 (période des gouvernements dernier gouvernement Mauroy -Fabius- Chirac et Rocard) allant de pair avec la diminution de la part des salaires et des cotisations sociales dans la richesse produite (valeur ajoutée brute). Puis vient le « couloir » plus ou moins stabilisé de 1990 à 1998, et enfin une baisse assez nette de ce taux de 1999 à 2008. Le graphique 1 de l’INSEE montre cette évolution.
Graphique 1
France. Sociétés non financières.
Taux de profit. Excédent brut d’exploitation(EBE) rapporté au stock de capital fixe(CF)
Source : Insee, compte des sociétés non financières, comptes de patrimoine. Données en euros courants.
Pour bien comprendre cette évolution, reprenons le raisonnement de l’économiste Isaac Johsua en décomposant le taux de profit T= EBE/CF= EBE/VAB X VAB/CF. L’évolution du taux de profit EBE/CF étant montré par le graphique 1, l’évolution de EBE/VAB par le graphique 2 de l’INSEE ci-après, l’évolution de la productivité du capital en valeur VAB/CF par le graphique 3.
Graphique 2
France. Sociétés non financières. Part des profits dans la valeur ajoutée
Excédent brut d’exploitation(EBE) rapporté à la valeur ajoutée brute(VAB)
Source : Insee, Compte des sociétés non financières. Données en euros courants.
Graphique 3
France. Sociétés non financières. Productivité du capital en valeur
Valeur ajoutée brute (VAB) rapportée au stock de capital fixe (CF)
Source : Insee, compte des sociétés non financières, comptes de patrimoine. Données en euros courants.
Le graphique 2 représente la part des profits dans la valeur ajoutée EBE/VAB. On remarque un parallélisme avec celui du taux de profit (graphique 1) de 1982 à 1998. Mais, ensuite, de 1998 à 2008, pas de baisse comme dans le graphique montrant l’évolution du taux de profit. La baisse du taux de profit ne peut donc pas s’expliquer par une remontée de la part des salaires directs ou indirects dans la richesse produite. Il faut aller sur le graphique 3 pour comprendre que la baisse du taux de profit entre 1998 et 2008 est due à une baisse de la productivité du capital en valeur.
Au total comme l’explique l’économiste Isaac Johsua « le profil du taux de profit de 1982 à 1998 s’explique par les comportements parallèles de la part des profits et de la productivité du capital : montée, puis stabilisation. Par contre la baisse du taux de profit à partir de 1999 se comprend comme la résultante des deux mouvements divergents : stabilité de la part des profits, mais chute prononcée de la productivité du capital ».
Cette analyse est d’une très grande importance. Elle montre que l’instauration du modèle néolibéral dans les années 80, qui a eu pour conséquence des reculs sociaux et politiques majeurs, n’a pas réussi à conserver le maintien du taux de profit au-delà de la fin du siècle.
Et que le turbocapitalisme a donc besoin de durcir encore sa politique pour faire payer par les salariés le recul du taux de profit du début du 21 ème siècle à cause de la baisse de la productivité du capital en valeur.
C’est pourquoi nous entrons dans une phase de nouvelle guerre économique et sociale contre les salariés et retraités. Il est d’ailleurs à noter que des évolutions de même nature ont eu lieu dans la plupart des pays développés de la planète.
Dans cette nouvelle période d’affrontement entre le salaire et le profit, nous allons vivre en plus un accroissement des conséquences sociales de la crise économique et financière, et bien sûr, le comportement et l’action du peuple en général et des couches populaires (ouvriers, employés, majoritaires en France) en particulier sera déterminant sur l’avenir à moyen terme.
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