L’UFAL n’a jamais été une fervente admiratrice du congé parental, dispositif d’essence patriarcale qui concourt à éloigner les femmes du monde du travail.
Nous réclamons en revanche depuis longtemps un véritable plan de développement des places d’accueil du jeune enfant avec une priorité donnée aux solutions d’accueil collectif.
C’est pourtant un sentiment de colère que nous tenons à exprimer avant l’annonce probable de la réduction à 18 mois du congé parental pour un des parents de deux enfants ou plus, contrairement aux promesses du gouvernement à la représentation nationale lors de l’examen du Projet de loi sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.
Nous considérons en effet qu’une réforme du congé parental ne peut être envisagée qu’après la réalisation de deux préalables : l’égalité salariale H/F et l’augmentation du nombre de places d’accueil du jeune enfant à la hauteur des besoins.
Cette décision est donc à mettre en perspective avec l’insuffisance criante de la politique gouvernementale en faveur de l’offre de solutions de garde des jeunes enfants.
Avec un objectif annoncé de 275 000 places d’accueil d’ici à 2017 dont seulement 100 000 places de crèche, les ambitions étaient déjà très éloignées des besoins, estimés par le Haut Conseil de la Famille à 400 000 places.
Mais avec la confirmation récente du rebasage du FNAS (Fonds national d’action sociale), c’est un assèchement de 1,4 Md€ du budget consacré à l’investissement dans les établissements d’accueil collectif du jeune enfant qui a été décidé et rend de facto inatteignable l’objectif annoncé en juillet 2013.
Les masques tombent et les beaux discours sur l’égalité femmes/hommes ne peuvent plus masquer que la politique familiale sert à nouveau de variable d’ajustement pour atteindre les objectifs d’économies, alors que la « rénovation » de la politique familiale présentée en juin 2013 s’était traduite par un vaste plan d’économie de 2 Md€ sur le dos des familles.
Déjà le partage du congé parental à 2 ans ½ pour l’un des parents et 6 mois pour le second était d’emblée considéré comme une mesure d’économie (le congé parental est actuellement à 96% du fait de la mère) tant les conditions n’étaient pas réunies pour faire en sorte qu’une majorité de pères le partage.
En le « partageant » à 18 mois pour chaque parent, donc en le réduisant à 18 mois dans l’immense majorité des cas, le gouvernement va ainsi acculer les familles qui y ont recours à se tourner vers des solutions individuelles de garde, pour un coût très supérieur.
Nous demandons donc au gouvernement de renoncer à cette mesure austéritaire (la perte pour les familles est évaluée à 400M€) et lui conseillons de choisir des gisements bien plus rentables comme la lutte contre l’évasion fiscale ou la fraude patronale aux cotisations et contributions sociales (20 à 25Md€ selon un récent rapport de la Cour des comptes) plutôt que de détricoter la politique familiale française sans autre objectif que de réaliser des économies.