Article publié par Catherine Kintzler, le 8 mai 2010, sur son blog Mezetulle.
A la suite de la publication de Qu’est-ce que la laïcité ? j’ai fréquemment été sollicitée pour des débats, des rencontres, des entretiens. Les questions qui suivent, inspirées d’entretiens réels puis retravaillées et réécrites, ne prétendent pas tout recueillir – et d’ailleurs les discussions continuent – mais elles parcourent une grande partie des interrogations auxquelles j’ai été confrontée et je m’efforce d’y renvoyer à des textes plus développés sur ce blog.
L’ensemble forme ainsi une sorte de « FAQ » qui peut s’allonger et dont la place est tout naturellement sur un site web.
1° La laïcité « à la française » doit-elle être revue ?
Dans le livre Qu’est-ce que la laïcité ? (1), je dis que la laïcité n’est pas une doctrine à laquelle on adhère ou non. On peut très bien être musulman, catholique, athée, etc., et laïque en même temps. C’est un concept philosophique qui, à la différence de la tolérance, ne se demande pas comment faire exister ensemble les libertés dans une société donnée en tenant compte des différentes communautés existantes, mais comment construire un espace a priori qui rend possible la liberté d’opinion de chacun. Cet espace est celui de l’autorité publique, c’est celui qui produit et applique le droit. C’est précisément parce que l’autorité publique est totalement aveugle aux croyances et incroyances que dans la société civile chacun jouit de la liberté d’opinion sans avoir besoin pour cela d’appartenir à une communauté ou à un groupe de pression. Ce principe est d’une grande actualité et il répond aux questions urgentes qui se posent aujourd’hui. Il convient toujours de le repenser philosophiquement, car c’est une idée difficile, mais l’infléchir serait à mon sens une erreur politique.
De multiples tentatives pour « toiletter » la laïcité se sont succédé ces dernières années, aussi bien à droite qu’à gauche, sous les termes de « laïcité plurielle » ou de « laïcité positive », ici on n’a pas du tout affaire à une refondation philosophique, mais bel et bien à une remise en cause.
Par ailleurs, les rapports entre la laïcité et l’Europe sont compliqués, d’une part l’idéologie dominante en Europe s’apparente à celle d’une « religion de la religion » et accrédite l’idée que la cité a pour modèle le lien religieux, d’autre part on constate que certaines décisions renforcent au contraire la laïcité et soulignent la portée constitutionnelle de la laïcité dans la République française.
2° Pourquoi ne pas appliquer simplement la tolérance, comme cela se fait dans beaucoup de pays libres ? La laïcité est-elle une « spécificité » française ? Est-elle exportable ?
Il y a des raisons historiques qui font que la France, pour être tolérante, s’est dotée de la laïcité – notamment parce qu’on avait affaire à une religion hégémonique liée à un pouvoir absolu, qui avait le monopole des actes d’état civil et qui étendait son pouvoir spirituel sans limites – mais je m’en tiendrai à une réponse conceptuelle. La tolérance existe dans la société civile : de ce point de vue, il n’y a pas de différence. En revanche la laïcité permet de fonder l’association politique en dehors de toute référence de croyance : c’est un principe plus minimaliste, c’est incompatible avec une religion officielle. Ce principe minimaliste est aveugle aux croyances et pratiques des gens (sauf bien sûr s’il y a contradiction avec le droit commun) et aveugle aux communautés, qui n’ont aucune reconnaissance politique (même si elles peuvent jouir d’un statut juridique comme n’importe quelle association) : c’est un point de vue plus favorable aux individus. Il n’y a aucune obligation d’appartenance.
On croit fréquemment que le concept de laïcité est exclusivement fondé sur des références en langue française. C’est faux et c’est pourquoi j’ai tenu à remonter à la pensée classique, notamment à Locke qui a vu clairement que la question de l’incroyance est fondamentale (même s’il la tranche de manière non-laïque), pour donner à ce concept toute son universalité et son ampleur.
Par ailleurs, la laïcité dite « à la française » a souvent été défigurée : on a pu faire croire qu’il s’agissait d’une position antireligieuse. C’est exactement le contraire : le principe de laïcité a pour fin le déploiement de la liberté d’opinion dans la société civile. Depuis quelques années, les grands pays tolérants regardent du côté de la France avec intérêt, notamment le Royaume-Uni, les Pays-Bas et les USA, pourquoi ? Un régime de tolérance simple est relativement désarmé pour affronter un dogmatisme intégriste « dur » à prétention hégémonique (qui ne supporte pas autre chose que lui-même). La laïcité est beaucoup mieux armée parce qu’elle n’accorde a priori aucune reconnaissance politique aux communautés de croyance, et qu’elle fonde l’association politique sur une base qui ne requiert aucune profession de foi. Même le lien politique n’a pas besoin d’un acte de foi en régime laïque.
3° La laïcité est-elle une position antireligieuse ?
Nullement. Ce qui est contraire à la laïcité, ce ne sont pas les religions, c’est leur prétention à faire la loi, à s’imposer comme règles civiles, c’est aussi la prétention à présenter le lien religieux comme le modèle du lien politique. Donc ce qui est diamétralement opposé à la laïcité, c’est une religion civile – faire de la foi une loi civile ou symétriquement faire de la loi civile un article de foi. Une position antireligieuse « ultra » consisterait à vouloir étendre à la société civile l’abstention qui doit régner dans la sphère de l’autorité publique – ce qui reviendrait à limiter l’expression des opinions à l’intimité – mais cela est en totale contradiction avec la laïcité dont la fin est précisément de rendre possible la liberté d’opinion. Ajoutons aussi que la laïcité ne protège pas seulement l’autorité publique du cléricalisme, mais elle protège aussi les religions les unes des autres !
4° A l’école publique, on comprend bien que l’abstention en matière de religion et d’opinions doit s’appliquer aux personnels, mais pourquoi s’applique-t-elle aussi aux élèves ?
A la suite du remarquable travail de la Commission Stasi (2), la loi de 2004 interdit en effet aux élèves d’arborer des signes religieux ostensibles : on leur demande, durant le temps scolaire, une réserve plus grande que lorsqu’ils sont dans l’espace civil ordinaire. Cela signifie que l’école est intégralement partie prenante de l’espace relevant de l’autorité publique (3).
L’école publique primaire et secondaire est soustraite à l’espace civil ordinaire parce qu’elle fait partie des dispositifs constitutifs de la liberté, parce qu’elle accueille des libertés en voie de constitution. Il ne s’agit ni de la rue, ni d’un simple « service » au sens ordinaire du mot. On ne vient pas à l’école pour « consommer » un service, on n’y vient pas pour obtenir un papier ou remplir un formulaire : on y vient pour construire sa propre liberté. Et pour cela on a besoin d’un espace critique commun, d’un moment de détour, de retrait et de doute.
Ce n’est pas en faisant défiler les différentes positions devant les élèves qu’on arrive à construire quoi que ce soit, ni en leur disant « il y a différentes communautés et chaque communauté fait ce qu’elle veut, c’est toujours respectable ». Parce qu’alors, chacun reste campé sur son appartenance. Il faut passer par la nécessité de la crise, une sorte de mise à distance. Voilà ce qui se fait à l’école de façon plus ou moins développée mais toujours sur ce principe. Une mise à distance de ce que l’on croit penser, de ce que l’on croit être ; il le faut pour tout le monde, aussi bien pour l’enfant du médecin ou du cadre que celui de l’ouvrier ou du paysan, celui du chômeur. Un moment où on fait un pas au-delà de la simple tolérance, en dehors de son appartenance, un moment où le doute est non seulement permis, mais requis. Et cela passe aussi par un acte visible, une sorte de rite qui rappelle concrètement cette nécessité : en passant le seuil de l’école, on devient un peu un autre, un enfant devient un élève, il vit une double vie. Cela ne signifie pas qu’on doit rompre avec son appartenance, avec sa communauté, mais qu’il y a un moment où on n’a affaire qu’à sa propre pensée.
De plus n’oublions pas que l’école publique primaire et secondaire accueille des mineurs de tous horizons, y compris des incroyants : pourquoi devraient-ils subir un affichage que leurs parents n’approuvent pas nécessairement ? Permettre cet affichage à l’école en prétextant qu’on l’étend libéralement à toutes les religions, c’est normaliser le fait religieux et inviter chacun à s’y inscrire, c’est insinuer que la normalité est d’avoir une religion, c’est déjà avoir pris une option sur la conscience d’élèves mineurs et avoir restreint leur liberté à venir.
5° En va-t-il de même à l’Université ?
Il y a beaucoup de différences entre l’école élémentaire et secondaire et l’université. Bien entendu le principe de laïcité s’applique aux personnels, mais les étudiants sont-ils comme des élèves ? L’université accueille des étudiants majeurs et on n’y vient pas pour constituer sa liberté, mais pour parfaire ses connaissances et ou sa formation. Les étudiants en outre payent des droits d’inscription. Se pose également la question de la recherche, qui ne peut pas être complètement dissociée des engagements de chacun. Il faut aussi souligner qu’il n’existe que très peu d’universités privées. Enfin, que fait-on lorsqu’une religieuse ou qu’un prêtre portant ses insignes se rend dans un cours ou un séminaire ? On ne les met pas à la porte.
J’ai abordé cette question avec plus de détail dans un article en ligne sur ce blog.
6° Au nom de la laïcité, certains réclament l’interdiction des manifestations religieuses dans des lieux publics, comme les commerces, les transports, etc. Qu’en pensez-vous ?
Il faut bien distinguer l’espace de constitution du droit et des libertés (espace de l’autorité publique rendant les droits possibles) d’avec celui de leur exercice (espace civil ouvert au public et espace privé). Sans cette distinction, la laïcité perd son sens : c’est précisément parce que la puissance publique et la sphère qui lui est associée s’astreignent à la réserve en matière de croyance et d’incroyance que les libertés d’expression, d’opinion, etc. peuvent, dans le respect du droit commun, se déployer dans la société civile sous le regard d’autrui (par exemple : la rue, le métro, une boutique, un hall de gare, une bibliothèque, un musée, une piscine, un club de gym, un hôtel..) et dans l’espace de la vie privée à l’abri du regard d’autrui.
C’est précisément parce que l’espace de l’autorité publique fondateur des libertés est rigoureusement laïque que l’espace civil ouvert au public et l’espace privé, où elles s’exercent, n’ont pas à être laïques, mais simplement tolérants. La tolérance qui règne dans la société civile a pour condition et pour garantie la laïcité à laquelle se soumet l’espace de l’autorité publique. Autrement dit, le régime de laïcité articule le principe de laïcité avec le principe de tolérance. La dérive communautariste consiste à abolir la laïcité de la sphère publique, ce qui revient à « communautariser » l’ensemble de la société.
Ici au contraire on parle de la dérive inverse, une sorte d’extrémisme laïque. Si l’on exige que le principe d’abstention qui règne dans la sphère publique s’applique aussi dans la société civile, on prive tout simplement celle-ci d’une de ses libertés fondamentales, la liberté d’expression (que pourtant la sphère publique doit fonder, constituer et garantir). Cela conduit inévitablement, par exemple, à interdire toute manifestation religieuse dans la rue ou dans un lieu accessible au public et à la cloîtrer dans l’espace strictement privé de l’intimité. Position qui ruine non seulement la tolérance mais aussi la laïcité, dont l’un des objets est précisément de rendre possible une large jouissance du droit de manifester ses opinions. Bien entendu cette liberté est astreinte au droit commun et s’il est possible, par exemple, de porter une croix, un voile ou une kippa dans la rue, s’il est possible de crier « croa croa » ou de publier des dessins humoristiques moquant un dogme religieux, il n’est pas possible de crier « mort aux mécréants » ou « mort aux juifs » (car c’est s’en prendre à des personnes) ou de se soustraire à l’identification physique en portant une burqa dite intégrale.
7° Faut-il enseigner « le fait religieux » et « les idées religieuses » à l’école ?
Ici, nous sommes confrontés à une tendance lourde, que j’appellerai la sacralisation de la forme du religieux et qui comprend, autant et même plus que les religions proprement dites, l’appel à la religion civile, l’idée que le ciment social est indispensable pour former une association politique. Or il convient de distinguer ce qui est cultuel et ce qui est culturel.
Les religions font partie de l’encyclopédie en tant qu’elles ont un contenu de pensée universellement valide, donc comme mythologies et pas comme croyances ni comme « ciments sociaux » prétendument indépassables. Donc il faut les considérer de manière critique comme des pensées, comme des mythologies. Mais, aussi bien en Mathématiques qu’en Histoire, ou ailleurs, il faut surtout se demander ce qui est fondateur, ce qui est formateur pour un esprit. Jamais l’appel à une existence en tant qu’elle est donnée, en tant que pure donnée sociale ne peut être formateur, c’est la distance qui est formatrice. Attention à la culture de la « proximité ». Auguste Comte, quand il faisait ses cours aux prolétaires commençait par l’astronomie parce que c’est loin.
Or la forme classique des humanités, présente à l’école publique, n’a jamais ignoré les religions. Mais les humanités traitent les religions d’un point où justement elles ne sont pas que des « faits de société ». Faire choix de privilégier les auteurs plutôt que les ethnies, les œuvres plutôt que les mentalités, les singularités plutôt que les faits sociaux ou la dimension identitaire, et, s’agissant des religions, choisir de commencer par celles auxquelles on ne croit plus, c’est se situer dans une conception critique du savoir où les religions ont aussi leur place. Un enseignement républicain ne peut pas souscrire à l’existence a priori de données sociales, ethniques, religieuses : il ne peut que les retravailler dans une perspective critique qui arme l’individu. Au contraire, la notion même de « fait religieux » accrédite l’idée qu’il est normal d’avoir une religion, ou même que c’est nécessaire : en parlant de « fait religieux » on invite chacun à s’y inscrire, à refluer sur une appartenance et on néglige du même coup ceux qui n’ont pas de religion, on les regarde comme des mutilés de la pensée ! Ainsi manipulée, la notion de « fait religieux » installe une inégalité morale entre les personnes.
On ne peut en tout cas pas enseigner l’idée que sans religion, toute société se défait, que le religieux est consubstantiel à l’association politique : ce serait inculquer alors ce qu’il y a de plus contraire à la laïcité, à savoir la pure forme du religieux, la religion civile.
8° Existe-t-il à votre avis une « spiritualité laïque » ?
Le terme « spiritualité » demande à être éclairci.
En général on entend par là ce qui relève d’une sorte d’aspiration à la transcendance – telle qu’on la trouve dans beaucoup de religions. En ce premier sens, parler de « spiritualité laïque » serait un contresens, car ce serait situer la pensée laïque sur le même plan qu’une croyance religieuse. Or la laïcité n’est pas un courant de pensée comparable à une religion, à un corps de doctrine, c’est avant tout un mode d’organisation politique.
Maintenant, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de pensée laïque, car la pensée ne se réduit heureusement pas à la spiritualité ni à l’adhésion à des « valeurs ». Pour rendre compte du mode d’organisation politique qu’est la laïcité, il est nécessaire de construire une théorie. Il existe une grande tradition de pensée critique et théorique, une grande tradition du libre examen dans laquelle la théorie laïque prend place, dont elle est l’héritière et à laquelle elle apporte sa contribution. J’espère, en écrivant ce livre, avoir montré en quoi la pensée théorique est concernée lorsqu’il est question de laïcité, avoir montré que la laïcité n’a rien à voir avec un simple acte de foi ou avec une « valeur » à laquelle il faut croire et sur laquelle on ne se pose pas de question.
Enfin, on peut entendre par « spiritualité » le besoin de symboles, de représentations esthétiques, de rites qui permettent à une pensée, surtout si elle est difficile, de se fixer, de prendre figure – c’est ici que l’on retrouve la notion anthropologique de « sacré », qu’il faut bien distinguer de la thèse spirituelle d’une sacralisation. Et en ce sens-là, on peut dire que la pensée laïque, comme toute pensée, éprouve ce besoin. Les symboles et rites républicains ne sont pas des choses futiles. Lorsqu’on se marie, lorsqu’on nomme un enfant, lorsqu’on conduit des funérailles, lorsqu’on célèbre une cérémonie ou que la nation est représentée, il est absolument nécessaire d’accomplir des gestes rituels, de prononcer des paroles fortes et il me semble important de ne pas négliger cet aspect auquel la Révolution française a consacré une réflexion elle-même critique.
9° Y a-t-il sur les questions de laïcité une différence d’approche gauche / droite ?
Je pense que gauche et droite sont toutes deux divisées par la question. On trouve aussi bien à gauche qu’à droite quatre des cinq figures que j’énumère dans mon livre:
- Le « Républicain laïque » place au fondement de la cité le principe de laïcité qui impose l’abstention stricte de la puissance publique et un devoir de réserve de la part de tous ceux qui y participent ; en revanche dans la sphère de la société civile cette abstention n’est pas requise et toutes les positions, pourvu qu’elles ne soient pas contraires au droit commun, sont licites et jouissent de la liberté d’expression.
- Le « Démocrate communautariste » pense que la cité a pour fondement les communautés, dont il recherche la cohabitation pacifique dans la société civile mais, au nom de « différences », il admet le principe d’appartenance d’un individu à une communauté.
- Le « Laïque intégriste » étend le principe de réserve à l’ensemble de la société civile : il confond espace public (l’espace fondateur du droit) et espace civil (l’espace de jouissance du droit), et n’accepte la liberté d’opinion, de croyance, de pensée, qu’à titre privé, ce qui revient à en limiter l’expression.
- Enfin, le « Néo-laïque », apparu récemment sous les labels « laïcité ouverte », « laïcité plurielle », « laïcité positive », est une figure tourmentée : authentiquement laïque lorsqu’il est confronté à un intégrisme de droite ou du Nord, il devient communautariste lorsqu’il est confronté à un totalitarisme du Sud.
- La cinquième figure est étrangère au monde politique démocratique, on ne la trouve dans aucun parti démocratique : c’est le totalitarisme intégriste – qu’il soit du Nord ou du Sud – qui n’admet ni tolérance ni laïcité parce qu’il entend imposer une doctrine officielle à laquelle chacun est tenu d’adhérer.
10° Comment remédier à l’inégalité entre les religions sans toucher à la laïcité?
Je pense qu’il convient d’abord de poser la question dans l’autre sens : si la puissance publique sous prétexte d’égalité finance les religions, que va-t-on faire vis à vis des incroyants et de ceux qui n’ont pas de religion (et qui forment plus du quart de la population en France) ?
L’article 2 de la loi de 1905, en ne reconnaissant aucun culte et en interdisant le financement public de tout culte, les met juridiquement dans l’égalité la plus rigoureuse – et les met à égalité avec l’incroyance. L’Etat n’a pas plus à financer les temples maçonniques que les synagogues.
En revanche, il lui appartient de faire respecter cette égalité sur le terrain et de veiller à ce qu’aucune religion ne soit entravée de manière discriminatoire dans son exercice paisible, qui comprend bien sûr l’installation et l’édification de lieux de culte. Mais cet exercice ne peut pas enfreindre le droit : aucune religion ne peut réclamer un « respect absolu» en tant que doctrine – seules les personnes ont droit au respect ; aucune religion ne peut promouvoir la notion de « blasphème » ni proférer des propos que la loi définit comme des abus de la liberté d’expression (par exemple dire que les femmes sont inférieures…).
Enfin il ne faut pas oublier que la laïcité protège la puissance publique des religions, qu’elle protège les religions de la puissance publique, mais qu’elle protège aussi les religions les unes des autres.
11° La question de port du voile intégral est-elle concernée par la laïcité ?