Agression d’un jeune juif dans le XIXème à Paris: la police étudie toutes les pistes
AP – Lundi 23 juin, 22h01
PARIS – La police judiciaire tentait lundi de déterminer si l’agression dont a été victime un jeune homme de confession juive samedi soir dans le XIXème arrondissement (est) de Paris est de nature antisémite ou liée à un règlement de comptes entre bandes de quartier. Les cinq mineurs en garde à vue lundi ont été déférés dans la soirée au parquet de Paris, a-t-on appris de sources judiciaires.
L’état de la victime « s’est amélioré », selon l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Rudy, admis dans le service de réanimation médicale de l’hôpital Cochin, « est sorti du coma » mais « il n’est pas encore possible de statuer sur d’éventuelles séquelles », selon l’AP-HP. Le jeune homme n’avait pas encore été interrogé par les enquêteurs, précisait-on de source policière.
Selon des sources judiciaires, les témoignages recueillis ne permettent pas, pour l’instant, de déterminer si son agression est de nature antisémite ou due à une règlement de comptes entre bandes de quartier. Les enquêteurs restent prudents, certains témoins indiquant que la victime n’était pas seule au moment de son agression, a-t-on précisé de mêmes sources.
Mardi, le parquet de Paris pourrait ouvrir une information judiciaire pour violences volontaires en réunion aggravée en raison de l’appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une race ou une religion déterminée, et non assistance à personne en péril.
Quatre heures avant l’agression de l’adolescent de 17 ans qui se rendait dans une synagogue de la rue Petit (19ème), les enquêteurs de la Deuxième division de police judiciaire (DPJ) ont appris qu’une autre bagarre entre jeunes avait eu lieu vers 16h30, explique-t-on de source policière. Les policiers, ajoute-t-on de même source, travaillent également sur la piste d’une autre altercation, après l’agression de ce jeune homme domicilié à Pantin (Seine-Saint-Denis).
Les policiers cherchent à déterminer si les cinq suspects sont eux aussi impliqués dans cette attaque. Agés de 14 à 18 ans, les jeunes gens d’origine africaine sont issus du XIXème arrondissement et sont connus pour deux d’entre eux des services de police.
La victime était également connue des services de police pour deux affaires mineures, précise-t-on de sources policières. Selon des sources judiciaires, le jeune avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour violences à la suite d’incidents en marge d’une manifestation célébrant la fin de l’année juive.
Le nouveau Grand rabbin de France Gilles Bernheim a estimé lundi que le caractère antisémite de l’agression de samedi était « probable », mais « pas certain ». « Il est probable mais seule la justice le confirmera », a-t-il souligné sur RTL.
La ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative Roselyne Bachelot a fait part de « son indignation » et de sa « profonde émotion », et réaffirmé sa « conviction que le racisme et l’antisémitisme n’ont pas leur place dans la République et doivent être combattus avec la plus grande fermeté ».
Les Verts, qui ont exprimé leur « émotion et leur inquiétude » devant cette « agression à caractère antisémite », invitent les « pouvoirs publics à mettre en place toutes les mesures nécessaires sur le plan social et éducatif pour prévenir cette montée de la violence dans nos quartiers ».
La Ligue des Droits de l’Homme a appelé de son côté à « refuser les affrontements intercommunautaires », mettant en garde contre le « risque d’une communautaurisation et d’une ethnicisation des violences ».
L’Union des familles laïques se demande pareillement si on « va accepter longtemps la ségrégation spatiale et les agressions ethniques et religieuses ». L’UFAL appelle les « pouvoirs publics (…) à créer en France un ‘vivre ensemble’ laïque et républicain grâce à la mixité sociale dans tous les quartiers ».
Dénonçant « fermement » l’agression au « relent d’antisémitisme aussi révoltant que les relents racistes » accompagnant les « agressions contre les immigrés », la Ligue communiste révolutionnaire souligne que « seul le dialogue entre jeunes de toutes origines permettra de résoudre cette détestable situation qui nourrit la violence ».
Dans un communiqué, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a exprimé sa profonde « indignation » et lancé « un appel solennel pour que le dialogue entre toute les familles religieuses de France soit renforcé ». AP