Retrouvez sur le site du quotidien Sud Ouest l’article sur la baisse du nombre d’IVG suite au communiqué de presse de l’UFAL.
SANTÉ. La contraception ne fait pas reculer le nombre d’IVG. Une gynécologue explique pourquoi, au moment où Roselyne Bachelot veut développer l’information scolaire
IVG : le paradoxe français
«On est loin de l’enthousiasme provoqué dans la génération des femmes qui ont expérimenté la pilule contraceptive et connu le vote de la loi Veil pour l’IVG. Maintenant, la contraception est vécue comme une contrainte, et l’avortement comme le moyen de contraception le moins cher. Quant aux jeunes filles et jeunes femmes, on a l’impression qu’on leur parle d’un autre monde. »
Élisabeth Paganelli, gynécologue libérale à Tours et membre du bureau national du Syngof (Syndicat national des gynécologues obstétriciens français), essaie d’expliquer pourquoi la situation française dans ce domaine est très paradoxale et apparaît plus compliquée qu’il y a trente-cinq ans. Le rapport de l’Igas (Inspection générale des affaires sanitaires) vient d’être remis à Roselyne Bachelot. Il fait état d’un nombre encore très élevé d’IVG – 200 000 par an – qui ne recule pas, et qui s’accompagne pourtant d’un taux de diffusion de la contraception « parmi les plus élevés au monde ».
« Marchés et goupillon »
De plus, le rapport souligne un fait paradoxal : « 72 % des IVG sont réalisées sur des femmes qui étaient sous contraception. Et dans 42 % des cas, cette contraception reposait sur une méthode médicale théoriquement très efficace, pilule ou stérilet. » « Cela ne correspond pas à ce que nous observons sur le terrain proteste Mme Paganelli. Les femmes dont il est question ont déjà vu un médecin, elles ont connaissance des méthodes de contraception, mais soit elles l’ont interrompue, soit elles l’utilisent mal ou l’oublient. »
Et le médecin de réclamer des chiffres véritables, d’autant qu’elle observe que les ordonnances pour une IVG ne comportent pas d’information sur l’éventuelle pratique d’une contraception. « On peut très bien comprendre, explique Élisabeth Paganelli, qu’une femme culpabilisée préfère assurer que c’est la méthode qui n’a pas marché. »
Monique Vézinet, présidente de l’Ufal (Union des familles laïques), fait moins dans la nuance. Elle assure même que « l’augmentation des IVG, c’est la conséquence de l’alliance entre les adeptes de la salle des marchés et du goupillon. » Une manière de montrer du doigt les partisans de la libéralisation de la santé et les groupes de pression catholiques. Et d’expliciter : « Ils marchent main dans la main quand ils se lient pour fermer les centres de planning familial dans les quartiers et même à l’hôpital, pour en diminuer les subventions, pour réduire le nombre d’éducateurs. »
Information et éducation
Le nombre d’établissements pratiquant l’IVG est en effet passé de 729 en 2000 à 639 en 2006, dénonce le rapport de l’Igas. Qui précise aussi que le nombre d’avortements par aspiration diminue au profit des IVG médicamenteuses. « L’IVG instrumentale, souligne le rapport, demeure une activité déficitaire. » Reste qu’une interruption volontaire de grossesse est aussi un échec de la contraception.
Le docteur Paganelli dénonce la surinformation mal maîtrisée sur la pilule, « le mouvement anti-médicaments », l’absence d’éducation sexuelle au collège et au lycée. C’est l’angle précisément choisi par Roselyne Bachelot pour annoncer des efforts. Mais sans dire avec quels moyens.