A lire ci-après, l’article de Sud-Ouest sur la réforme Bachelot
Réforme de l’hôpital : prochain round jeudi
Il y aura bien des rassemblements et des défilés le 14 mai à Paris et en province contre la loi Bachelot, au moment où le Sénat examine le texte dans un contexte houleux.
Une adoption au forceps ?
C’est sous les huées de l’opposition et dans une ambiance surchauffée inhabituelle sous les ors du palais du Luxembourg que Roselyne Bachelot, qui présentait sa loi hôpital, santé, patients et territoires a été contrainte de répondre sur la procédure d’urgence appliquée à ce texte déjà voté par l’Assemblée nationale.
Pour le gouvernement, la levée de l’urgence est exclue, alors que les opposants estiment que le fait que le président de la République ait annoncé un changement dans la gouvernance de l’hôpital et le dépôt de 1 163 amendements de la part des sénateurs, de droite comme de gauche, aboutissent à la présentation d’un texte différent.
Avant que Nicolas Sarkozy intervienne pour annoncer que les médecins auraient davantage de sièges au sein du directoire des CHU et que dans tous les hôpitaux, certains membres du directoire seraient nommés sur proposition de la communauté médicale, Jean-Pierre Raffarin avait laissé planer des doutes sur le vote sénatorial.
Depuis, constatant que le discours du chef de l’État lors de sa visite à Nancy, lundi, « allait dans le bon sens », il met néanmoins en garde : « Si le gouvernement accepte les amendements qui ont été préparés au Sénat par le rapporteur Alain Milon, il est clair que nous voterons le texte. »
On peut aussi compter sur l’activisme de Gérard Larcher, le président du Sénat, qui peut difficilement abandonner le bébé qu’il a lui-même mis en route (1).
Au-delà de la gouvernance
« Nous avons fait du président des médecins le numéro deux de l’hôpital en le mettant systématiquement vice-président. Je crois que nous avons trouvé un bon équilibre, nous n’irons pas plus loin. » Nicolas Sarkozy commentait ainsi sa décision d’accepter une des propositions de la commission Marescaux sur la réforme des CHU. Il a ainsi tenté de désamorcer la grogne des médecins hospitaliers et, en particulier, des mandarins, que l’on a vus défiler avec les infirmières et les aides-soignantes sur le pavé parisien.
Ce qui lui vaut d’affronter la colère du SNCH, principal syndicat des directeurs d’hôpitaux auxquels il avait promis d’être les seuls « patrons » et qui estime que « les directeurs risquent d’être ligotés de toutes parts ».
« C’est un recul intéressant mais partiel. La loi Bachelot va bien au- delà », dénonce Bernard Coadou, membre de la Coordination santé solidarité en Gironde. Et de s’inquiéter de l’accès aux soins pour tous. « Mme Bachelot ayant renoncé à limiter les dépassements d’honoraires, elle tient en fait un double discours. »
Pour Bernard Teper, responsable du secteur santé protection sociale de l’Ufal (Union des familles laïques), « Sarkozy ne pouvait pas se permettre d’avoir tous les grands chefs de service des hôpitaux parisiens contre lui ». Reste qu’il considère que rien n’est réglé. « Les opposants à cette loi, commente-t-il, le sont pour trois raisons essentielles : le pilotage de la politique de santé par le haut, via les ARS (agences régionales de santé), la transformation de l’hôpital public en entreprise, et les communautés hospitalières de territoire qui sont une arme pour permettre laprivatisation du public, selon l’adage : privatiser les profits, socialiser les pertes. » Même Bernard Debré, député UMP, dénonce « un côté paranoïaque ou schizophrène » du parcours de la loi.
Du monde dans la rue jeudi
Outre les syndicats traditionnels, appellent à la « mobilisation générale » le SMG (Syndicat de la médecine générale), la CPH (Confédé- ration des praticiens hospitaliers), mais aussi les coordinations santé, le CSMF (syndicat des médecins libéraux) et le Ciss, collectif regroupant des associations d’usagers.
(1) Le rapport Larcher est à l’origine de la loi.
Auteur : h. Rouquette-valeins
h.valeinsrouquette@sudouest.com