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Deux jours pour la laïcité
Après Montreuil l’an dernier, c’est à Saint-Denis à la bourse du travail que l’UFAL, Union des familles laïques, organisait ce week-end ses 2es Rencontres laïques internationales. Pendant ces deux jours à la tribune (1), parmi les quelque trente intervenants, c’est assurément au nom des luttes féminines que cette portée universelle de la laïcité s’est exprimée avec le plus de force. « Pour nous Algériennes, la laïcité, c’est une nécessité de survie », dira Aouicha Bekhti, du Mouvement démocratique social et laïque. Emblématique entre toutes de ce combat contre les fondamentalistes religieux, Taslima Nasreen rappelle qu’elle faillit le payer de sa vie voici quinze ans au Bengladesh, mais aussi en Inde il y a cinq ans. Elle venait d’interpeller la veille à Bruxelles des élus européens de gauche sur leur absence de critique envers les fondamentalistes. « Ils n’ont pas voulu me répondre », dit-elle avec amertume. Pour Gérard Kerforn, militant du MRAP des Landes, qui en parle d’expérience, ces accommodements avec l’intégrisme musulman d’une gauche fondée pourtant sur la laïcité républicaine « contribuent à un enfermement identitaire ». Apparu en 1881 sous la plume de Ferdinand Buisson, alors directeur de l’enseignement primaire de Jules Ferry, le terme de laïcité renvoie encore à des enjeux de société à défendre au sein de l’institution scolaire, comme le dira Eddy Khaldi, co-auteur de Main basse sur l’école publique, qui dénonce la politique de privatisation dont le service public fait les frais, à l’école comme dans la santé.
(1) Parmi les plus connus, citons encore le philosophe Henri Pena-Ruiz, les journalistes Caroline Fourest et Christian Terras.