L’allocation de rentrée scolaire (ARS) a été versée le 20 août à près de 3 millions de familles afin de leur permettre de faire face aux frais d’achat de fournitures scolaires. Destinée aux familles ayant des enfants scolarisés de 6 à 18 ans, l’ARS (environ 400 euros) est versée sous conditions de ressources et vise essentiellement les familles les plus modestes. Comme l’ont fait remarquer nos collègues de la Confédération sociale des familles (CSF), l’allocation de rentrée scolaire, dont le montant a progressé de 0,3 % par rapport à l’an passé, soit moins que le taux d’inflation, ne permet plus aux familles de couvrir le coût réel de la rentrée scolaire, laquelle pèse lourdement sur le budget des familles.
Malgré cela, le versement de l’ARS a donné lieu à une nouvelle polémique à la suite des propos tenus par la sénatrice PS Samia Ghali dans le Figaro. Reprenant à son compte les propos les plus droitiers habituellement prononcés à l’égard des pauvres et des assistés, la sénatrice propose de contrôler le bon usage de l’ARS, postulant que les familles modestes abusent de cette prestation et préfèrent utiliser cette allocation pour procéder à des achats sans lien avec la rentrée scolaire de leurs enfants. Et de proposer que cette allocation soit directement versée aux établissements scolaires afin qu’ils achètent directement le matériel ou encore qu’elle soit versée sous la forme de bons d’achat afin de mieux contrôler l’usage des prestations versées.
Les propos de la sénatrice renouent avec la fustigation des catégories populaires accusées de ne pas savoir gérer leur budget voire de négliger les intérêts matériels de leur progéniture. La sortie de la sénatrice Ghali serait anecdotique si elle n’était malheureusement à l’unisson d’une perception très ancrée dans l’opinion publique.
En réalité, l’ARS constitue souvent une prestation permettant à de nombreuses familles plongées dans la précarité de faire face à des besoins vitaux. Effectivement, lorsque les familles sont confrontées à l’alternative constituée entre l’achat de nourriture ou le paiement des factures d’eau, il peut arriver que l’ARS ne soit pas utilisée pour l’achat de fournitures scolaires… À qui la faute ?
Si nous approuvons l’idée d’une gratuité des manuels scolaires pour l’ensemble des familles, nous souhaitons rappeler à la sénatrice que l’ARS, en dépit de ses limites objectives, demeure une prestation de Sécurité sociale financée par les cotisations sociales de l’ensemble des travailleurs de notre pays et procède d’un droit social des familles bénéficiaires. N’en déplaise à la sénatrice Ghali, cette prestation n’est pas une aumône destinée à des assistés sociaux dont il conviendrait de contrôler la moralité. Un tel procès en irresponsabilité des familles modestes est assez révoltant de la part d’une sénatrice se réclamant de la gauche.