Telle était la question posée lors du congrès national de la FNMF à Aix les Bains en 1948, au lendemain de la guerre. « L’organisation de la sécurité sociale, fondée sur le principe de solidarité nationale, garantit les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacités de gains » (art 1er du code de la sécurité sociale). La sécurité sociale, couvrant de la naissance à la mort, de manière universelle empiétait sur le domaine mutualiste.
N’ayant plus à assumer la protection sociale des salariés, écartée de la gestion des caisses de Sécurité Sociale pour son action peu glorieuse sous le régime de Vichy pendant la guerre contre le nazisme, la mutualité doit alors redéfinir son rôle. Elle décide de s’engager dans deux voies : l’assurance complémentaire, et le développement des œuvres, c’est-à-dire l’équipement sanitaire du pays et la prévention.
Le principe de solidarité (tous pour un, un pour tous) s’oppose à la logique assurantielle (sélection par le risque, sélection par l’argent).
La plupart des mutuelles de la fonction publique ont basculé dans la sélection par le risque : la sélection par l’âge est une sélection par le risque qui ne dit pas son nom.
Quelle est l’issue possible aujourd’hui pour garder au mouvement mutualiste sa vocation de servir l’intérêt général ?
Parmi les propositions du Manifeste des Etats Généraux pour faire de la protection sociale
- le coeur d’un projet de société, certaines concernent l’avenir du mouvement mutualiste
- la prise en charge à 100% par la sécurité sociale des soins efficaces et nécessaires dans le cadre d’un démocratie sanitaire (disparition des complémentaires santé)
- le rôle de la protection sociale (au sens large : sécu, mutuelles, organismes sociaux…) dans la réponse aux besoins sanitaires et sociaux des citoyens ;
- la rupture avec la logique des Services Sociaux d’intérêt Général (SSIG)
- le passage de l’assurance maladie à l’assurance santé intégrant la prévention.
Que les syndicalistes et mutualistes prennent donc conscience qu’il y a toujours des choix sur le devenir de la mutualité. Les questions qui se posent aujourd’hui sur l’avenir de la mutualité ont déjà été posées et se reposent de la même manière. Les mutuelles ont un rôle à jouer dans la prévention, les soins de proximité et les domaines médico-sociaux et sociaux, à côté d’une sécurité sociale sous contrôle citoyen qui prend en charge à 100% les soins utiles et nécessaires.