Dans un pays qui dresse des barrières aux soins pour les étrangers, faut-il s’étonner que les mesures destinées aux toxicomanes soient mises en attente ? La peur de l’autre concerne-t-elle aussi ces « marginaux » ? Veut-on les punir ou renforcer la prévention des risques spécifiques qui les atteignent : overdoses, contamination VIH, hépatite C, abcès…?
Alors que la consommation augmente dans les grandes villes et touche des populations très précarisées, souvent en rupture avec les dispositifs médico-sociaux, les exemples d’autres pays et les études médicales montrent que la pratique des Centres d’injection supervisée joue (CIS) un rôle positif. Sans être une panacée, elle prend sa place dans les dispositifs de prévention et de soins. L’argumentation de la banalisation de l’usage des drogues étant un faux argument, car rappelons que l’usager apporte les produits nécessaires et que ces salles doivent faire l’objet d’un encadrement qualifié et d’une évaluation sérieuse.
Le rapport de l’INSERM de juin 2010 (Réduction des risques chez les usagers de drogues) avait conduit Mme Bachelot à annoncer une concertation avec les collectivités locales, certaines réfléchissant d’ailleurs à la mise en route de salles expérimentales (Paris, région Ile-de-France). Un Collectif du 19 mai, derrière un prix Nobel de médecine, F. Barré-Sinoussi, plaide pour ouvrir « une porte nouvelle d’accès au dispositif de soins et d’accompagnement pour ces usagers à hauts risques ». Pourtant M. Fillon ressort l’argument éculé que « la priorité de Matignon est de réduire la consommation de drogue, non de l’accompagner ».
Les usagers des drogues sont des malades d’une addiction développée par les mafias et non des délinquants. L’UFAL demande au gouvernement de favoriser l’expérimentation des CIS et souhaite que dans les collectivités concernées les idéologies moralisantes fassent place au réalisme.
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