La Commission pour l’avenir des retraites remettra son rapport dans les prochains jours au Gouvernement. Le texte de la Commission présidée par Yannick Moreau servira de base à la nouvelle réforme des retraites menée avant la fin de l’année. L’UFAL est fermement opposée à tout projet qui aggraverait encore les conditions de vie des retraités et des salariés âgés, déjà fortement détériorées par les réformes de 2003 et 2010.
Or, moins de trois ans après la loi Woerth qui avait conduit à un recul de 2 ans de l’âge légal de départ en retraite, de nouvelles mesures de régression sociale sont annoncées, sous prétexte de « rétablir le solde de la branche vieillesse ».
Tout d’abord, les revenus des retraités diminueraient encore via un relèvement de l’assiette de la CSG et la suppression de l’abattement fiscal de 10 % pour frais professionnels. Certes le rapport prévoit une légère augmentation des taux de cotisations patronales déplafonnées (de 1,6 % à 1,9 %). L’UFAL, attachée au principe du financement de la protection sociale par la cotisation sociale, ne conteste pas cette mesure qui rompt avec les logiques antérieures, dictées par le MEDEF, de non-revalorisation des taux de cotisations patronales vieillesse.
Toutefois, cette mesure serait prise en contrepartie d’une sous-indexation des cotisations des salariés (à l’instar du dispositif en vigueur dans les régimes complémentaires par points AGIRC et ARRCO), donc de la baisse de leurs droits-retraite.
Les retraites des fonctionnaires seraient calculées sur les traitements des 10 meilleures années et non sur les 6 derniers mois d’activité. Or, ce n’est en rien une mesure égalitaire, puisque les pensions de fonctionnaires sont calculées hors primes, donc sur une partie seulement de leur rémunération d’activité. Par ailleurs, la « carrière » des fonctionnaires étant fondée sur une évolution progressive de leur rémunération, qui part de plus bas que les salaires du privé, la règle des 10 meilleures années se traduirait par une baisse générale et grave des pensions publiques.
Il est donc faux de prétendre que les fonctionnaires seraient privilégiés en matière de rémunération et de retraite par rapport aux salariés du privé.
Enfin, le rapport proposera sans doute un nouvel allongement de la durée d’assurance pour atteindre 44 annuités. L’UFAL dénonce avec force une mesure qui, dans un contexte de chômage de masse et d’entrée tardive des travailleurs dans la vie active, interdira dans les faits à la plupart des salariés de liquider une retraite à taux plein.
Dans le cadre néo-libéral actuel, les réformes des retraites (chaudement encouragées par Bruxelles) consistent en réalité à diminuer leur montant et poursuivent un objectif d’appauvrissement programmé des retraités. Elles contraignent par ailleurs les salariés qui le peuvent à recourir massivement à l’endettement pour compléter leur retraite avec les revenus du patrimoine qui renforcent l’emprise de la finance sur l’économie réelle : acquisition de logements, épargne retraite par capitalisation et placements en produits financiers.
Dans le même temps, de plus en plus de retraités sont d’ores et déjà obligés de cumuler leur retraite avec un emploi salarié, ce qui constitue une régression sociale inacceptable pour notre mouvement.
L’argument de l’allongement moyen de l’espérance de vie ne tient pas : en effet, l’espérance de vie en bonne santé est en train de baisser, notamment sous l‘effet de la détérioration des conditions de la retraite.
L’UFAL rappelle que les projections démographiques à 40 ans ne reposent sur aucune hypothèse crédible et que les besoins de financement des régimes de retraites peuvent être couverts par l’évolution de la richesse nationale et de la productivité du travail. Selon le Conseil d’Orientation des Retraites, 2 à 5 points du Produit intérieur brut permettraient d’équilibrer les régimes de retraite. À l’horizon 2040, les plus de 60 ans représenteront 26 % de la population, consacrer 18 % de la richesse nationale au financement des retraites constitue un choix de société accessible et équitable.
Pour l’UFAL, l’équilibre des régimes de retraite doit reposer sur deux piliers :
- le dynamisme de l’emploi et des salaires ;
- l’augmentation des cotisations sociales.
À court terme, l’UFAL réaffirme la nécessité de garantir la pérennité financière des régimes de retraite par répartition. Cela passe par :
- le déplafonnement intégral des cotisations d’assurance vieillesse ;
- l’extension de l’assiette des cotisations sociales aux éléments de rémunération qui en sont actuellement exemptés (intéressement, participation, épargne salariale, stock options) ;
- l’augmentation progressive des cotisations patronales affectées à la branche vieillesse.
L’UFAL entend être pleinement partie prenante du devenir de la sécurité sociale et de ses différentes branches, socle fondamental de notre République laïque et sociale, et défendra sa nature à la fois solidaire et intergénérationnelle. L’UFAL prendra toute sa part et toute sa place dans le débat en tant qu’organisation représentative des familles, toutes les familles, quelle que soit leur composition et condition.