Dès 2019, l’UFAL avait fermement exprimé son rejet de la réforme de l’assurance chômage mise en œuvre par le gouvernement Philippe. Cette réforme anti-sociale a pour but de générer plusieurs milliards d’euros d’économies sur le dos des chômeurs. Plus grave, il s’agit pour le Gouvernement tend à imposer, auprès de l’opinion publique, l’idée obscène selon laquelle le chômage de masse serait la conséquence des choix individuels des personnes privées d’emploi qui préféreraient se complaire dans l’inactivité au lieu de chercher retrouver un emploi. Le Gouvernement entend aider les chômeurs à « traverser la rue », pour reprendre l’expression devenue célèbre d’Emmanuel Macron. Sous-entendu, il suffit de souhaiter travailler pour sortir du chômage.
Le gouvernement feint d’ignorer que la situation de chômage est le fruit d’une destruction ininterrompue de l’emploi industriel, situation aujourd’hui aggravée par une gestion déplorable de la crise sanitaire qui est en passe de laminer une grande partie des emplois dans le tourisme, la restauration et la culture, pour ne citer que ces secteurs. Le Gouvernement feint d’ignorer, au passage, que l’assurance chômage est la contrepartie des cotisations sociales des salariés et que les allocations chômages sont un droit social acquis des travailleurs et non une charité mâtinée de culpabilisation des chômeurs.
Pur produit du logiciel ultra-libéral le plus échevelé, l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance chômage va accroître durement les conditions de vie de millions de français déjà fortement précarisés par une crise sanitaire et sociale historique. Repoussée plusieurs fois en raison de la crise sociale consécutive aux mesures sanitaires de lutte contre l’épidémie de covid-19, la réforme entrera bel et bien en vigueur à partir du 1er juillet 2021. Le Président de la République, Emmanuel Macron démontre une fois de plus que son agenda ultra-libéral ne saurait être remis en cause quel qu’en soit le prix humain.
Macron fait entrer la France dans une ère de régression sociale historique
Au programme :
- une baisse de 30% des allocations chômage au bout de 8 mois pour les chômeurs dont les allocations journalières dépassent 84 euros. Maigre consolation, la dégressivité initialement envisagée au bout de 6 mois ne sera mise en œuvre que lorsque la situation de l’emploi s’améliorera ;
- une baisse conséquente du salaire journalier de référence par l’instauration d’un nouveau mode de calcul qui tiendra compte des jours non travaillés. Ce nouveau mode de calcul aura par ailleurs pour conséquence de créer une terrible rupture d’égalités entre salariés qui, à salaire et à durée travaillée identiques dans les 24 mois de la période de référence, pourront voir leur salaire journalier varier fortement en fonction de la répartition dans le temps de leurs contrats : en effet, la nouvelle formule sanctionnera durement les salariés qui enchaîneraient différents contrats courts entrecoupés de période de chômage puisque ces périodes non travaillées seront intégrées dans le calcul((Pour une analyse complète et documentée de la réforme, lire l’article de décryptage de Mathieu Grégoire, revue salariat))
- un durcissement conséquent des conditions d’ouverture des droits : à compter d’octobre 2021, il faudra avoir cotisé pendant 6 mois au cours des 24 derniers mois au lieu de 4 mois auparavant. De nombreux salariés précarisés se verront purement et simplement privés de droits à l’allocation chômage.
Alors même que de nombreux pans de l’économie sont aujourd’hui à l’arrêt, que des signaux extrêmement préoccupants de progression de la pauvreté sont émis par l’ensemble des acteurs sociaux de terrain, le Gouvernement s’entête à vouloir sanctionner les chômeurs alors même que les conditions d’un retour à l’emploi n’ont jamais été aussi entravées.
A travers cette réforme anti-sociale historique, l’année 2021 marquera l’entrée de la France dans une ère de régression sociale inédite. L’UFAL exprime son indignation face à cette réforme injuste et anachronique et se solidarise des actions syndicales qui sont actuellement menées pour forcer le gouvernement à abandonner son projet mortifère de paupérisation des chômeurs. A un an de l’élection présidentielle, il est urgent de signifier au gouvernement que son projet anti-social menace directement les fondements de notre patrie républicaine.