Dans le cadre de la préparation du projet « Quelle France dans 10 ans ? », le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) a lancé une large consultation auprès des Français, citoyens, experts, partenaires sociaux, représentants de la société civile organisée ou élus.
Le CGSP rappelle certes que le modèle social français a accompagné le développement économique et social de notre pays et demeure une composante centrale de notre cohésion nationale. Cependant, le cœur de la réflexion tourne une nouvelle fois autour de la thématique de la crise présupposée de notre modèle social : crise de légitimité, de solvabilité et d’efficacité. Et de conclure que, face aux nouveaux risques sociaux et à la montée des inégalités, l’enjeu consiste à repenser les objectifs et les moyens du modèle social, dans une économie européenne et mondialisée.
A cours de l’atelier du 5 novembre, Julien Damon, professeur de Sciences-Po, a présenté une contribution intitulée « L’efficacité du modèle social français dans une perspective comparative« .
Si Julien Damon reconnaît que la dépense sociale a incontestablement permis de limiter les conséquences de la crise , il estime qu' »il n’est pas du tout certain qu’elle puisse continuer à se le permettre. La dynamique est affectée par l’endettement (qui pourrait conduire à une sorte de « shutdown social ») mais aussi par des tensions qui portent sur l’organisation nationale de la protection sociale comme sur la pérennité du soutien d’une population plus hétérogène. En un mot, la crise de son modèle social est probablement bien plus devant la France que derrière elle… »
L’Ufal réserve à cette réflexion un accueil des plus réservés. L’objectif recherché par le CGSP est évidemment de renouer avec les thématiques habituelles de la crise de notre modèle social et de faire passer pour évidente l’idée d’une nouvelle réforme de notre système de protection sociale axée sur la baisse du niveau des dépenses sociales et la remise en cause de la cotisation sociale. L’objectif des réformes mises en œuvre depuis 30 ans vise en effet à détruire la potentialité sociale de la Protection sociale afin d’en privatiser les pans plus rentables et d’en faire financer les dispositifs de solidarité par l’impôt.
L’Ufal rappelle que notre système de protection sociale constitue l’un des piliers fondamentaux de notre modèle républicain et contribue de manière essentielle aux conditions de vie des Français. Pour notre mouvement, la protection sociale souffre d’un manque de recettes de cotisations sociales et non d’une explosion des dépenses. Le chômage de masse consécutif à la crise financière et aggravé par les politiques d’austérité européenne est effet l’unique raison des déséquilibres des comptes sociaux, lesquels ne représentent toutefois que l’équivalent de 12 jours de fonctionnement de la Sécurité sociale. Autant d’éléments qui ne sont pas évoqués par le CGSP.
Plus que jamais, notre mouvement fait de la défense de la Protection sociale l’un de ses combats majeurs et rappelle que la cotisation sociale qui la finance est à nos yeux une part indissociable du salaire des travailleurs (salaire socialisé).