Après les forfaitures Chirac-Seguin 1987 désindexant les pensions des salaires, Balladur 1993 passant les retraites du privé de 37,5 ans à 40 ans de cotisation et des 10 meilleures années aux 25 meilleures années, Fillon 2003 et 2008 passant les fonctionnaires et les régimes spéciaux à 40 annuités et prévoyant de passer ultérieurement au-delà, voilà Sarkozy-Fillon 2010 : augmentation de la durée de cotisation et passage à 62 ans de l’âge légal pour pouvoir partir à la retraite, à taux partiel pour beaucoup, et à 67 ans à taux plein.
Alors que les contre-réformes précédentes ont déjà fait reculer le taux de remplacement de près de 20 % par rapport à la période précédente, alors qu’au-delà de 58 ans la majorité de la classe d’âge n’est plus en activité et donc que tout allongement de la durée de cotisation enverra au chômage la plupart des seniors, la guerre de classes organisée par les néolibéraux est intensifiée.
Et ce n’est pas le prélèvement sur le capital – de l’ordre de 12 % du « trou de la Sécu » prévu en 2010 – qui peut rendre cette contre-réforme juste !
L’intensification de la politique néolibérale du gouvernement et du patronat a deux conséquences :
- Comme le projet va intensifier le chômage pour la majorité des seniors et que les chômeurs ne cotisent pas, c’est in fine la baisse des pensions qui sera au rendez-vous.
- Le but du gouvernement et du patronat est d’augmenter la part de la retraite par capitalisation et de remplacer dans le système par répartition la retraite socialisée lié à la qualification pour aller vers une retraite à revenu différé individuel avec neutralité actuarielle.
A noter que ce dernier système, quoique en répartition, accroît les inégalités sociales de retraites et oblige donc de remplacer le principe de solidarité par un système de charité institutionnalisée pour les précaires, pauvres et une partie grandissante de femmes qui, malgré la majoration de la durée d’assurance (MDA), voient s’accroître le différentiel avec les hommes au passage du travail salarié à la retraite. Ainsi, la part des acquis socialisés par le programme du Conseil national de la Résistance sera-t-elle diminuée comme l’a si bien décrit l’ancien patron des assureurs, Denis Kessler, dans son interview du 4 octobre 2007 à la revue « Challenges ».
Pourtant, les dogmes néolibéraux sur lesquels s’appuie toute cette politique ne sont plus si hégémoniques que cela. Ici et là, commencent à se lever des voix montrant l’inanité de ces dogmes. Il n’y a pas plus de problème démographique que d’immaculée conception ; avec les chiffres du Conseil d’orientation des retraites, tablant sur une augmentation de 90 % de la richesse en 40 ans, un enfant de CM2 peut faire comprendre à un bac +35 néolibéral que le salaire moyen disponible passe de 100 : 16 (10 actifs pour 6 retraités en 2010) à 190 : 19 (10 actifs pour 9 retraités en 2050). Mais pour utiliser les potentialités du salaire moyen disponible, encore faut-il revenir sur la déformation de la valeur ajoutée (déformation du partage de la richesse) qui a fait passer en 30 ans, 9,3 points de PIB (soit plus de 180 milliards d’euros par an en euros 2010) de la part des salaires et cotisations sociales vers les dividendes des actionnaires et le financement des économies parallèles via les paradis fiscaux.
Or le maintien de cette injuste répartition des richesses est un dogme néolibéral.
Alors, il ne reste plus aux citoyens et à leurs familles qu’à se rallier à l’éducation populaire tournée vers l’action pour mener cette nouvelle bataille laïque contre les nouveaux dogmes financiers.
L’UFAL et les organisations partenaires du nouveau dispositif d’éducation populaire tournée vers l’action dans le secteur de la protection sociale ont comme objectif d’organiser dès l’année scolaire prochaine des cycles d’université populaire « pour une protection sociale solidaire ».