Le gouvernement vient de publier son « Document d’orientation sur la réforme des retraites ». Manifestement, il persiste à pratiquer l’enfumage pour cacher ses véritables desseins.
Pour ce faire, il utilise une contre-vérité et trois dogmes qui ne résistent pas à l’analyse, ne serait-ce qu’en se reportant aux travaux du Conseil d’orientation des retraites (COR) dans son édition d’avril 2010 et de sa mise au point du 11 mai.
- La contre-vérité consiste à dire qu’il y a un problème de démographie qui oblige de faire cette contre-réforme. En fait, l’augmentation de 63 % du nombre de retraités avec un doublement de la richesse en 40 ans permet tout à fait de construire une alternative, à condition de sortir des 3 dogmes suivants. Cet accroissement des richesses est celui qui a prévalu dans les 40 ans passés et c’est celui qui est pris comme hypothèse par le COR (dont la plupart des économistes ont été choisis par le gouvernement !).
- Le premier dogme est qu’il faut augmenter la durée de cotisation et l’âge légal de la retraite en proportion de l’augmentation de l’espérance de vie. Ce dogme est idiot car il aboutira à augmenter le chômage, compte tenu du faible emploi des seniors qui fait qu’au-delà de 57 ans, la majorité des salariés sont déjà hors de l’emploi.
- Le deuxième dogme est celui qui dit qu’il ne faut pas modifier la répartition des richesses. Ce dogme est absurde car c’est justement la déformation de la valeur ajouté des trente dernières années (9,3 points de PIB qui sont passés des salaires au profit) qui est la cause de la crise économique et financière actuelle.
- Le troisième dogme, aussi aberrant que les deux autres, est qu’il ne faut pas augmenter les cotisations patronales. On peut montrer que l’apport des cotisations patronales a baissé dans le budget de la Sécu et que nous ne pouvons plus régler le problème des retraites avec une participation toujours plus basse des cotisations patronales. La véritable raison de ce dogme est que les cotisations patronales entrent dans le calcul des prélèvements obligatoires de l’Union européenne et que les contributions assurantielles et privées sont exclues de ce calcul. Il y a donc là tromperie pour favoriser la croissance des inégalités sociales de protection sociale au profit de ceux qui veulent spéculer sur nos retraites en particulier, et sur notre protection sociale en général. Même le COR dans son édition du 11 mai 2010 montre que sans l’augmentation des cotisations, il n’y a pas de solutions.
La politique du gouvernement vise en réalité, in fine, à diminuer les pensions, qui ont déjà baissé de plus de 20 points depuis les contre-réformes de 1987-1993, 2003 et 2008.
Il est temps d’en finir avec cet enfumage.