Nous vivons une drôle d’époque. A l’occasion du projet de loi de finances 2011, le gouvernement envisage une franchise de 30 euros pour les bénéficiaires de l’Aide médicale d’Etat (AME). Or celle-ci s’adresse principalement à des étrangers résidant en France depuis trois mois au moins et en situation irrégulière.
Elle comporte un plafond de ressources qui (actuellement et en métropole) va de 7 611 euros pour une personne seule à 15 984 euros pour un foyer de 4 personnes.
Sans doute est-il plus facile et discret de s’en prendre à la catégorie des étrangers pauvres qu’aux bénéficiaires de la CMU qui eux, à revenus identiques, ne se voient pas imposer cette mesure inique ! La solidarité « nationale » prend un drôle de coup de rabot au nom du comblement du « trou de la Sécu »… et cela alors que de l’avis des spécialistes de la santé le renoncement aux soins aura inévitablement pour conséquence de charger les dépenses des urgences hospitalières.
Comment est-il possible que le gouvernement fasse semblant de ne pas savoir ce que tous les économistes savent : il ya une déformation de la répartition de la valeur ajoutée au détriment des salaires et des cotisations sociales depuis 30 ans qui est d’environ 9,3 points de PIB soit aujourd’hui 186 milliards d’euros par an. Ne devrait-on pas commencer par faire repartir le curseur dans l’autre sens avant de taxer les étrangers pauvres ?