Le dernier numéro d’Ufal INFO intitulé « Apartheid identitaire ou universalisme : le choix » vient de paraître. Vous pouvez vous le procurer dans la boutique en ligne de l’UFAL.
Au sommaire de ces 60 pages :
- Édito, Nicolas Pomiès
- Dossier Apartheid identitaire ou universalisme : le choix
- D’un identitarisme l’autre, Stéphane François
- L’école républicaine, fabrique des égaux, Damien Pernet
- La gauche contre les Lumières, Damien Pernet
- Comment créer une intelligence collective de la cause républicaine et pourquoi le faire ?, Vincent Lemaitre
- Star Trek, l’universalisme interstellaire, Nicolas Pomiès
- Garder la paix ou forcer l’ordre ?
- Police et peuple français : une ré-entente possible ?, Rocco Contento
- Contre toutes les mémoires trop courtes
- Républicains, encore un effort pour être vraiment universalistes !, Charles Arambourou
- Quand la République enseignait colonialisme et racisme, Charles Arambourou
- La religion du sport contre la radicalisation dans le sport
- Pour un label France laïque, Jean Levain
- Réflexions
- L’avenir de l’universalisme, Philippe Foussier
- Quand la gauche promeut la race, Philippe Foussier
- République universelle
- Projet de République universelle, horizon mobilisateur des Lumières, Charles Coutel
- La modernité, c’est la pensée libérée
- Giordano Bruno, premier moderne, Jean Rocchi
Et un encart central : Carnets d’Ufal
Edito de Nicolas Pomiès, rédacteur en chef
Paix, Pain, Liberté contre violence et apartheid
L’été 2020 aura été secoué, des deux côtés de l’Atlantique, par les réactions tous azimuts provoquées par l’émotion suscitée par deux morts urbaines emblématiques. La mort, lors de son arrestation par la police de Minneapolis (États-Unis), de George Floyd, a été le déclencheur d’un mouvement de protestation et d’exaspération d’une partie de la population américaine face aux techniques policières dont les noirs sont bien souvent les victimes. En France, un mouvement proche, mais de nature différente s’est déclenché, plus modeste, mais avec une réelle empathie en faveur d’Adama Traoré, mort dans les mêmes circonstances.
Le rapport des sociétés américaine et française à la mort d’un civil n’est cependant pas le même dans les deux pays. Aux États-Unis, la clef de voûte du système répressif est la mort, prétendûment exemplaire, qui dissuaderait le délinquant en puissance de commettre le délit. La mort banalisée du délictueux est ainsi une correction qui utilise le signal et raisonne en termes de conditionnement. Ce n’est donc pas l’acte qui a provoqué la mort de George Flyod qui est réprouvé par les manifestants mais le système (réputé raciste) installé aux États-Unis. En France, l’inefficacité (statistiquement établie) de la peine de mort a permis d’en obtenir l’abrogation. L’exemplarité d’une peine s’adresse, par l’intermédiaire du signe, à un être qui reste sensible à l’honneur et à la honte. La mort dans la rue, quelle que soit la couleur de peau de la victime, révulse les Français. Nos concitoyens déplorent la brutalisation de la société et aspirent à une société policée des « jours heureux » et non à un état policier où l’agent des forces de l’ordre serait contraint de se rabaisser par des méthodes indignes.
Il ne s’agit pas pour nous de nier ni l’histoire de France ni la persistance de discriminations racistes. La France a été un pays colonialiste et des clichés de l’illusion coloniale demeurent. Nous ne nions pas non plus la racisation sur la base de la couleur de peau qui ignore la singularité des personnes et les appréhende par le préjugé raciste. Cependant, la République est une construction permanente qui avance vers la réalisation de ses principes grâce à des combats d’amélioration (mélioristes) philosophiques, culturels, politiques, sociaux et antiracistes. Militants républicains, nous reconnaissons le fait multiculturel mais nous ne l’essentialisons pas, car nous combattons le multiculturalisme puisqu’à l’instar de Léon Gambetta nous ne voulons pas « reconnaître des égaux, mais en faire ».
C’est du dialogue des cultures et des héritages que se dégage une culture humaniste et universaliste du bien public. Par l’école laïque chaque individu peut passer du culturel subi au cultivé émancipateur. Chacun devient ainsi un homme libre et un citoyen responsable dans la République.
Cette République qui, comme l’expliquait Emmanuel-Joseph Sieyès, est « un tout unique, composé de parties intégrantes ; ces parties ne doivent point avoir séparément une existence complète, parce qu’elles ne sont point des touts simplement unis, mais des parties ne formant qu’un seul tout ».
Nous refusons donc de laisser l’anticolonialisme et le combat antiraciste aux décoloniaux et indigénistes qui importent en France les grilles d’analyse raciale et les solutions de séparations ethniques proposées par la nouvelle gauche radicale américaine forcement inopérantes dans notre pays.
Les théories identitaires misant sur la croyance en des déterminismes génétiques et une nécessité de séparation ethnique étaient jusqu’à maintenant cantonnées au sein des résidus du camp de la défaite de 1945. L’apartheid d’Afrique du Sud avait été combattu de manière universelle et quasi unanime. Et voilà qu’au nom de la lutte contre l’oppression, certains en arrivent à justifier l’auto-apartheid (sic) ou des réunions homogènes en essentialisant la couleur de peau et la religion. Pour les républicains socialistes, l’horizon ne peut s’arrêter aux tribus et communautés célébrées par le postmodernisme. A la violence brutale et au chaos des batailles puériles des mortiers et des rodéos des cités, au désenchantement social et à l’acculturation, à la paupérisation et la misère de la France périphérique, doivent répondre, comme le propose notre ami Charles Coutel, une politique de l’hospitalité1. Combattre la montée des violences, les risques de fractures civilisationnelles, nous enjoint de tout faire pour protéger davantage les individus en leur donnant des raisons d’être fiers de ce qu’ils sont et de ce qu’ils feront, de leur Patrie, de l’Europe (éclairée) et de leur appartenance au genre humain.
« Pain, Paix, Liberté ! », les vers du poète ouvrier Gaston Delavière résonnent aujourd’hui avec plus de force. Les Lumières nous guident sur ce chemin qui mène vers la fraternité et l’universalisme.
Nicolas Pomiès,
Rédacteur en chef
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