Logement, la vérité
La situation des Français face au logement est une réalité extrêmement préoccupante en particulier dans les grandes agglomérations marquées par une inflation colossale ! Quels en sont les enjeux contemporains ? Et sans oublier l’impact climatique que toute nouvelle construction implique. Alors, RT 2020 ou pas RT 2020 ? Et comment expliquer le retard pris par la France quant à sa consommation excessive d’énergie dans ses bâtiments… On vous répond aussi que la mixité sociale n’est que de la poudre de perlimpinpin jetée aux yeux des insiders et ousiders du logement social (voir p. 26 à 34). Et puis, rendez-nous les ZUP ! Et posons-nous la question des HLM et d’un possible grenelle du logement social. Vous avez dit appartement modulable ? Il ne restera plus qu’à partir à la cloche de bois avec Cochon, Georges Cochon, surnommé « le président des sans-pognon ».
Pour « Sortir du logement bourgeois pour bâtir la Sécurité sociale du changement ! » (édito de Nicolas Pomiès), lisez Ufal INFO n°86 !
52 pages, 8 contributeurs vous pouvez vous le procurer dans la boutique en ligne de l’UFAL en version papier ou numérique.
Olivier Nobile, responsable santé de l’Ufal, ouvre le dossier en expliquant pourquoi les ménages les plus modestes et les classes moyennes sont contraints de déserter les villes-centres pour s’établir dans les zones périphériques et éprouvent un sentiment de déclassement de plus en plus évident. Et les logements sociaux conçus à la hâte dans des grands ensembles urbains ont vieilli ce qui n’améliore en rien la situation.
Vincent Lemaître, responsable écologie à l’Ufal, nous explique que tout stock physique non renouvelable est par définition fini… et qu’il va falloir faire des efforts gigantesques pour limiter les GES (gaz à effet de serre) sinon notre futur risque fort de dériver autant que le climat ! Une solution est mise à l’épreuve : la construction en bois.
Charles Arambourou, responsable laïcité de l’Ufal, nous éclaire sur ce qui cloche dans la fameuse mixité sociale brandie par les différents gouvernements et pourtant, malmenée voire qualifiée de « farce ». Le non-dit de la mixité sociale servirait-elle à masquer l’échec de l’intégration ? Là, se nicherait le séparatisme…
Agnès Pinard, militante associative du logement revient sur le HLM, le mal-aimé et analyse la crise du logement, laquelle serait inscrite dans la durée. Et nos étudiants qui logent dans des résidences universitaires vétustes, parfois insalubres, ne sont pas logés à meilleure enseigne.
Christian Oyarbide, explique ce qu’est une mutuelle du logement aujourd’hui, avec Mutlog, et surtout sur son rôle, non pas uniquement technique, mais plus largement social qui favorise une entraide générationnelle. Un constat sur la perte des liens sociaux et un isolement croissant.
Charles Conte, brosse le portrait éclairant de Georges Cochon, né en 1879. Sorte de héros avant-gardiste des mal-logés, il pourfend les propriétaires sans scrupules expropriant familles et nécessiteux ou faisant des bénéficies sur leur dos à coup de logements insalubres. Des « canailles » voire des « criminels » selon lui.
Nicolas Gavrilenko, retrace l’histoire des Foyers des Jeunes Travailleurs depuis leur création juste après la Seconde guerre mondiale jusqu’à nos jours. A l’époque, c’étaient les jeunes migrants des campagnes françaises venus travailler comme ouvriers ou apprentis dans les villes et par conséquent, très précaires, qui constituaient le public des Foyers. Ceux-ci ont su évoluer et s’adapter au fil du temps, en ayant toujours vocation à émanciper et autonomiser les jeunes.
Ufal INFO n°86 vous présente aussi les nombreuses actions du dernier trimestre des Ufal locales dans son encart central détachable : CARNETS D’UFAL
Deux formats sont disponibles :
- Version téléchargeable en ligne
- Version papier : envoi par lettre verte
Le n° 85 avec un dossier spécial « L’égalité pour vivre libre » est téléchargeable ici
Tous les anciens numéros sont également consultables gratuitement : archives du journal
Ufal Info vous donne rendez-vous à la fin de l’année pour un dossier consacré « Aux sécurités des jours Heureux »
Édito de Nicolas Pomiès, rédacteur en chef
Sortir du logement bourgeois pour bâtir la sécurité sociale du logement !
Dans la structure de consommation des ménages, le logement (loyer, remboursement d’emprunt et charges déduites des aides au logement) représente plus de 22 % des dépenses des ménages modestes, en deuxième position après les transports, tandis que pour les plus riches ces dépenses de logement chutent à 12 %. Les grands déplacements quotidiens en voiture ou en transport en commun, qui posent tant de problèmes aux métropoles et villes moyennes, sont donc effectués en majorité par des travailleurs dont une grande partie des revenus est aspirée par l’éloignement contraint de leur domicile par rapport à leur lieu de travail. Le logement des Français est de plus en plus cher tandis que leurs salaires stagnent, comme le souligne l’OCDE dans son rapport « Under pressure: the squeezed middle class ».
Il faut donc constater que les dépenses liées au logement sont devenues une source d’appauvrissement des Français. Rapporté à leurs revenus, le logement coûte quatre fois plus cher aux pauvres qu’aux plus aisés, ce qui réduit considérablement leur « reste à vivre ». C’est évidemment la pénurie de logements qui génèrent ces inégalités. Considéré comme une marchandise placée sur le marché où la « concurrence est libre et non faussée », le logement enrichit une partie de la population française qui devient propriétaire en louant des logements à un prix élevé. La hausse constante des loyers produit un vaste transfert de richesse des ménages locataires vers les bailleurs privés, plus fortunés et souvent plus âgés. Il faut aussi relever que depuis 2014 plus de 10 % des nouveaux propriétaires d’Île-de-France sont des spéculateurs étrangers. Les bailleurs sont donc en position de force dans un marché où la demande est élevée et où les prix sont peu encadrés, ce qui joue d’autant plus sur les petites surfaces. Pour les propriétaires, la spéculation immobilière est devenue une assurance-vie apportant des sécurités pour leur retraite, à l’heure où elles sont largement attaquées. Les aides fiscales dont ils bénéficient privatisent la construction de logements tandis que l’État se détourne de toute politique volontariste de régulation du marché ou de planification de la construction. C’est ainsi que depuis 40 ans la France construit à peine plus de 320 000 logements par an (alors qu’il en faudrait le double), dont un faible nombre de logements sociaux. Rappelons qu’au début des années 1970, plus de 500 000 logements étaient encore construits chaque année.
C’est sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing qu’une politique libérale, jamais démentie depuis, a été mise en place. La politique giscardienne en matière de logement a tourné le dos aux grands ensembles et a mis un terme au programme français de villes nouvelles. On a ainsi en toute démagogie flatté le goût des Français pour l’habitat individuel, de sorte que le pourcentage de construction de maisons individuelles est devenue majoritaire. C’est pourquoi les zones pavillonnaires se sont développées dans le péri-urbain et qu’une société à l’américaine appuyée sur l’automobile a vu le jour. On en paie aujourd’hui les conséquences en termes d’environnement et de santé publique.
Les loyers ont aussi été libérés. Le mot d’ordre de François Guizot « enrichissez-vous » est devenu le guide et le moteur de la construction de logement. Mais c’était oublier que cette vieille lubie des dogmes libéraux reposant sur la rentabilité du capital ne pouvait répondre aux besoins sociaux de toute la société. Le capital partout, laissé seul, se renforce en ponctionnant le travail. Cette loi constatée par les (vrais) socialistes est aussi vérifiée sur le logement. Et pour ponctionner le travail, le capital a aussi besoin d’une armée de réserve de locataires ; c’est comme cela que ça fonctionne. Comme pour la santé à sept vitesses (nous y reviendrons dans un prochain Ufal INFO), la qualité du logement du travailleur dépend de sa position dans la hiérarchie économique. La paillasse pour les travailleurs sans emploi, la villa de roi pour les millionnaires et autres princes de la société du spectacle avec au milieu une masse de travailleurs parqués dans des cités-ghettos, des logements trop petits pour vivre en famille ou des pavillons de grande banlieue, qui galèrent pour finir le mois en voyant régulièrement leur pouvoir d’achat diminuer sous le coup de taxes, d’augmentations de prix ou de nouvelles normes imposant des dépenses. À ces inégalités spatiales s’ajoutent dans les anciens bassins ouvriers, un état des logements indigne, dangereux, avec notamment de véritables passoires thermiques.
Sur la question du logement se trouvent toutes les questions sociales, écologiques, morales et sanitaires posées à notre société. Peut-on alors continuer à miser, pour la construction de nos logements, sur la liberté du bourgeois ou du bourgeois-bohème égoïste, malthusien et antisocial ? Pourquoi nos dirigeants toujours si prompts à nous comparer aux autres pays de l’Union européenne ne constatent-ils pas que, par exemple en Allemagne, le logement est bien moins cher ? Ils ne veulent pas en finir avec la politique de la rente. La voie de la solidarité sociale sera le choix des partisans de la République, démocratique, laïque, sociale et écologique. C’est pour ce cela que l’Ufal met ses huit propositions sur le logement à la disposition des forces qui prétendront diriger l’État. Mais ces propositions ne seront entendues qu’en renforçant nos rangs. Plus que jamais adhérer à une Ufal locale, porte-voix des revendications solidaires, est une nécessité car c’est à nous, tous ensemble, de bâtir nos sécurités, celle du logement comme les autres !