A retrouver sur notre boutique en ligne
SOMMAIRE
05. Édito. Résoudre la crise énergétique par la démocratie !
Par Nicolas Pomiès, rédacteur en chef (texte in extenso plus bas)
06. ÉNERGIES – Vers une explosion des prix Par Dominique Papon
Nous constatons tous l’augmentation importante des prix des carburants lorsque nous faisons le plein de notre voiture. Pour les tarifs du gaz et de l’électricité, nous n’avons encore remarqué qu’une hausse limitée. En effet, l’État a pris à sa charge les fortes augmentations des prix de l’énergie et ce, avant même le début de la guerre déclarée en Ukraine par la Russie : c’est le « bouclier tarifaire ». Mais est-ce vraiment suffisant ?
08. DÉRÉGLEMENTER, LIBÉRALISER, PRIVATISER – Fil Twitter de Fabien Gay sur l’énergie
Tout comprendre en un clin d’œil sur l’histoire et les enjeux des énergies en Europe. Sénateur de la Seine-Saint-Denis, membre du Parti communiste et directeur du journal L’Humanité, Fabien Gay, par une salve de tweets bien informés, analyse les méandres du marché de l’énergie en Europe. Un système opaque qu’il dénonce par des explications limpides.
10. Histoire de la longue marche vers la régression énergétique Par Nicolas Pomiès
Rappel des principales dates et décisions qui ont jalonné le parcours chaotique du marché de l’énergie. Extrait : « Le marché intérieur de l’énergie est constitué des marchés européens du gaz et de l’électricité. Il a pour origine le traité de Paris de 1951 qui a donné naissance à la CECA en 1952, le traité Euratom de 1957 et la déclaration de Messine de 1955. »
13. ANTICIPATION – Réponses aux deux crises énergétiques : ukrainienne et
climatique Par Jacques-Roger Machart
Nous avons à faire face, non pas à une, mais à deux crises énergétiques majeures : l’une est la conséquence de l’agression contre l’Ukraine qui entraîne la nécessité de libérer nos pays de la dépendance aux hydrocarbures russes, l’autre est celle du climat qui met en cause toute la planète.
21. PLAN B ? – Malgré la tension, les pellets ont la peau dure ! Par Nicolas Pomiès
Depuis plusieurs mois, le prix de ce combustible à 85 % produit en France ne cesse de grimper et les hausses n’en finissent plus. En un an, le prix de la palette d’une tonne conditionnée en sac de 15 kg est passé d’environ 300 euros à plus de 600 ou 700 euros et la plupart des fournisseurs sont en rupture de stock et retardent les livraisons.
23. SANTÉ PUBLIQUE – Le Paris manqué de l’interdiction des feux de cheminées ouvertes
Tout commence en mars 2013 avec un arrêté inter-préfectoral qui comptait interdire tous les feux de cheminée en foyers ouverts à Paris et dans 435 communes de la région Île-de-France, et cela même pour les feux d’appoint ou d’agrément (les feux de cheminée en tant que source de chauffage principal étaient interdits depuis 2007).
25. ÉCLAIRAGE – Histoire du concept de pouvoir d’achat Par Pierre Outteryck
Le pouvoir d’achat est un concept économique bien à la mode aujourd’hui. En revanche, il n’apparaît pas ou peu dans les travaux des économistes du XIXe siècle et de la première moitié du XXe. Marx utilise les concepts de salaire et de rémunération de la force de travail. Ceci doit nous intriguer. Nous étudierons le pouvoir d’achat sous plusieurs angles, en essayant de comprendre par quel mécanisme et pour quelles raisons les travailleurs et leurs organisations ne se sont emparés que rarement de ce concept. Concept ou formule ?
_______________________________________________________________________________
29. POLITIQUE FAMILIALE – Vers une allocation sociale à l’enfant et au jeune ?
Le fondateur et ancien président de l’Ufal, André Fortané, avait émis dès les années 1990, le souhait de remettre à plat les dispositifs existants de la politique familiale française autour de la création d’un Revenu ou d’une Allocation Sociale à l’Enfant et au Jeune (RSEJ / ASEJ).
40. MILITANTISME – « Connect-e-bus » contre la fracture numérique
Projet porté par Françoise Lipchitz, présidente de l’Ufal de Dordogne et administratrice à l’UDAF 24, le dispositif « Connect-e-bus » est un espace numérique itinérant visant à répondre aux difficultés de mobilité des publics, et plus particulièrement les plus défavorisés, au manque de permanence physique de proximité pour les personnes isolées – déserts administratifs – et de la multiplication des échanges dématérialisés (fracture numérique). Il est opérationnel sur les routes depuis septembre 2022.
43. PATRIMOINE RELIGIEUX – Les églises, la loi, l’État et le temps Interview de Pierre Ouzoulias par Vincent Morel, président de l’Ufal de Moselle et de l’Udaf 57
La France dispose du patrimoine religieux le plus important d’Europe après l’Italie, avec environ 100000 lieux de culte dont plus de 40 000 appartenant aux communes. Dans la quasi-totalité, ces biens correspondent à des édifices du culte catholique. 2500 à 5000 édifices sont menacés d’abandon, de vente ou de destruction d’ici 2030. 500 édifices sont, quant à eux, fermés et le culte n’y est plus célébré. Constatant une dégradation de leur patrimoine religieux, des maires ont alerté la Commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication du Sénat, laquelle a confié au sénateur des Hauts-de-Seine, Pierre Ouzoulias (CRCE) et à la sénatrice de l’Ardèche, Anne Ventalon (App. LR) une mission de contrôle visant à faire la lumière sur l’état du patrimoine religieux, les menaces qui pèsent sur sa préservation et les moyens de contribuer à sa sauvegarde.
___________________________________________________________________________________
ENCART CENTRAL DÉTACHABLE : Forum des associations cuvée 2022, agenda des initiatives locales, nouvelles têtes
Ufal INFO n°90 – Pouvoir d’achat des familles : en manque d’énergie – 52 pages, 9 contributeurs, que vous pouvez vous procurer dans la boutique en ligne de l’UFAL en version papier ou numérique (2 euros en téléchargement).
L’ancien numéro, le 89 avec un dossier spécial « Parlons Français » est téléchargeable ici
Tous les anciens numéros sont également consultables gratuitement : archives du journal
Édito de Nicolas Pomiès, rédacteur en chef
Résoudre la crise énergétique par la démocratie !
La crise de la production, du transport et de la distribution des énergies dans laquelle nous sommes plongés est une nouvelle apocalypse tant elle dévoile l’absurdité perverse du système politique et économique que les États européens ont construit depuis 1945. L’Union européenne est née d’une promesse de l’ambition d’une paix durable à laquelle nous ne pouvons qu’adhérer. Mais pour ce faire, l’économie de marché et les échanges économiques ont été perçus, dès l’origine, comme le moyen de rapprocher les peuples en créant des intérêts partagés. Dans le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), la prédominance de l’économie est patente dès le sommaire. Sa troisième partie est consacrée aux politiques internes de l’UE. On y trouve pêle-mêle santé, environnement, emploi, transport, coopération administrative et énergie. Les États doivent changer leurs lois, libéraliser et privatiser pour permettre aux marchés d’accroitre l’interconnexion et la fraternité des peuples !
Tout doit devenir une marchandise !
C’est pourquoi au sommet de Lisbonne des 23 et 24 mars 2000, les chefs d’État et de gouvernement ont affirmé leur volonté « d’accélérer la libéralisation dans des secteurs tels que le gaz et l’électricité ». Ainsi la France s’est-elle trouvée dans une concurrence « libre et non faussée » organisée et surveillée par l’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER). Ayant misé sur la production d’électricité nucléaire, la France alimentait donc massivement les réseaux électricité européens jusqu’à l’été 2022. Elle est devenue importatrice suite à des problèmes de respect de normes de maintenance sur les microfissures et de température d’eau rejetée. Or, ces normes sans cesse renforcées dépendent des dispositions prévues dans le traité Euratom qui nous obligent à prendre aussi en compte les exigences des États voisins dont les majorités politiques œuvrent à l’arrêt de la production nucléaire. C’est ainsi que la filière nucléaire française s’est retrouvée contrainte par les choix politiques allemands largement influencés par des écologistes stipendiés par le producteur de gaz russe Gasprom1. L’Allemagne, désireuse de sortir de la production nucléaire, avait misé sur le gaz et les aérogénérateurs (bucoliquement appelés éoliennes). La guerre en Ukraine et les sanctions décidées par les Européens contre la Russie ont tari cette source d’approvisionnement. Et voici que l’Allemagne relance des centrales à charbon et que nombre d’États européens achètent du gaz de schiste américain (deux sources d’énergie pouvant raisonnablement être qualifiées de catastrophe écologique). L’absurdité ne s’arrête pas là puisque dans le mécanisme du marché européen, ce sont le prix du gaz, devenu très cher, sur lequel s’alignent les prix de l’électricité. C’est ainsi que certaines usines arrêtent de produire et que le gouvernement invite les communes, les commerces, les particuliers et les entreprises à baisser la lumière et le chauffage cet hiver.
Fidèle à la technique présidentielle éprouvée du « en même temps » se succèdent des déclarations de ministres tour à tour alarmistes, annonces de petits chèques rassurants ou déclamations de moralines culpabilisantes. D’autres trouvent dans la crise de l’énergie, des motifs pour ressortir leurs mantras malthusianistes pour tenter de conduire notre société à réduire la productivité, la consommation et effectuer des autodafés de barbecues. Il est évident que la crise et la question énergétique ne sauront être résolues dans une confrontation de l’ordoliberalisme européen avec le postmodernisme d’une écologie réactionnaire. C’est bien avec la Raison et la prise en compte de la situation et des besoins réels des populations que pourra s’organiser la grande mobilisation collective nécessaire à la réussite d’une transformation écologique de notre société dans l’Égalité.
L’Ufal, en juin 2021, déclarait que l’énergie, comme tous les grands chantiers d’intérêt général, ne fonctionne qu’avec une volonté politique forte qui ne pourrait être réduite à un intérêt financier à court terme. Ils ne devraient pas être confiés aux marchés financiers2. Il faut donc sortir du mode de régulation de l’énergie en Europe. L’Espagne et le Portugal ont déjà fait ce choix. L’intervention citoyenne doit pousser dans cette direction. C’est pour cela que nous appelons, avec beaucoup de forces de progrès, les usagers, les personnels et les élus à mettre les services publics au cœur du débat public, des politiques publiques et au cœur des mobilisations sociales et citoyennes. Sur l’énergie comme sur tant d’autres sujets, c’est le renforcement démocratique et la solidarité qui nous permettront d’éviter l’obscurité.
N’ayons de cesse d’allumer les lumières !
1 https://www.liberation.fr/checknews/pourquoi-une-fondation-ecolo-allemande-a-t-elle-recu-192-millions-deuros-de-lentreprise-de-gaz-russe-gazprom-20220825_LYWOKLZKIJBL5AUENMZJF2USQQ/
2 https://www.ufal.org/developpement-ecologique-et-social/energie-a-vendre-lufal-engagee-pour-le-bien-commun/