i tréma # 32 – Racée de Rachel Khan
I tréma : la chronique littéraire (et républicaine) de Philippe Foussier
Une émission animée et réalisée par Emmanuelle Billier-Gauthier
Juriste, scénariste, actrice, danseuse, ancienne athlète, Rachel Khan écrit aussi des livres. Le dernier, Racée, constitue un précieux antidote pour contrer l’air du temps identitaire.
Séparer ou réparer. Il existe des mots qui séparent et d’autres qui réparent. Rachel Khan a choisi son camp. C’est ainsi qu’elle oppose l’idée d’être “racée”, concept fait d’additions, à celle de “racisée”, qui exalte le repli identitaire. Noire, gambienne, d’origine musulmane et catholique par son père, blanche, juive et française par sa mère, elle refuse d’accompagner les tenants d’un « essentialisme identitaire » et voit en la polémiste Rokhaya Diallo « une pyromane qui simplifie le monde et lave le cerveau d’une jeunesse racée ». De la même manière, elle incrimine les indigénistes dont la « méthode est simple : lutter contre les discriminations par la discrimination » en répertoriant les « catégories de Français d’un point de vue racial », qualifiant « cette mission d’inspiration ségrégationniste ». Elle pourfend tout autant un autre mot qui sépare, l’intersectionnalité, dont le fonds de commerce repose sur « la concurrence des douleurs ».